Per aspera ad astra
J'ai acheté des fleurs
de toutes sortes, de toutes formes,
de toutes les couleurs que Tu aimais
Mais toutes mornes -
Toutes les fleurs sont mornes depuis le mois de mai.
J'ai voulu égayer
Ta lourde Pierre rose et froide
comme si je pouvais remédier
à cet inexorable fait : Tu t'éloignes
et toutes mes fleurs n'y pourront rien changer.
Pour Te garder un peu
au milieu des fleurs, j'ai ajouté
un ange et du houx et une larme et un souhait :
que je puisse fermer les yeux et que Noël soit passé.
Et l'ange et le houx et mes larmes sont sur la table
Impudiquement à tous exposés
J'ai cru pouvoir te ramener à grand renfort de fable
Cru que des objets pourraient Te ranimer.
Mais Ta voix est moins claire
et tes mots disparaissent,
Ton image est plus terne
et tes gestes - quels gestes ?
Je n'ai plus que tes valeurs,
je n'ai plus que ce que tu as fait de moi
j'ai tes cheveux. J'ai ta paleur -
je T'ai presque dans le miroir.
Je m'accroche à ton odeur
À cette église sur la colline,
je m'accroche à la douleur.
A l'encens, à la naphtaline.
Au papier d'Arménie
à ton café le matin.
À ta laque, tes Bigoudi
Je m'accroche même aux ronflements du chien
Je me bats pour me rappeler
j'invoque ton souvenir, en vain -
Que me restera-t-il à pleurer
si même Ton souvenir s'éteint ?