Mais que diantre Laurent Wauquiez fout-il à Dijon ?

J’ai eu la chance, hier, d’être kidnappée quelques secondes par un élève du master Euromédias qui m’a gentiment offert le Bien Public pour faire un peu de pub à son cursus. Et c’est ainsi que j’ai pu tomber sur cet article. Et ma première réaction fut donc : mais que fout Laurent Wauquiez à Dijon ?

Traduction : attention, cet article est plein de memes.

Légitimer sa prise de position par la provenance de sa petite amie et, fut un temps, du lieu de résidence de sa sœur, c’est quand même fort de café. Ou alors je dois sans le savoir être experte de la politique icaunaise ; après tout, toute ma famille vit dans le charmant département de l’Yonne et j’y passe toutes mes vacances. C’est sûrement ça, j’ai trop tendance à me dévaloriser, Laurent a raison de dire ce qu’il pense sur la gestion d’une ville qui lui est si chère ! D’ailleurs c’est décidé, je vais proposer mon soutien (qui vaut ce qu’il vaut) au maire de Venizy. Adresse à l’Yonne Républicaine : attendez-moi, j’arrive.

Merci Laurent de m’avoir ouvert les yeux sur tout ce que je pouvais faire en parfaite légitimité. Et vive la famille.

Mais bon pendant qu’on y est ne nous arrêtons pas là, parlons un peu de ce monsieur Alain Houpert. Je suis établie à Dijon depuis 5 ans et ce monsieur, localement, c’est pas franchement celui dont j’ai le plus entendu parler. Bon, on va pas se mentir, étant orientée PS, c’est bien normal que j’aie plutôt entendu parler de messieurs Patriat et Rebsamen. Toujours est-il que j’étais assez surprise de voir sa tête dans ma boîte aux lettres – la seule opposition consistante* en terme d’effectifs à M. Rebsamen étant jusqu’ici M. Lanaud du Gray (voir sa page facebook). Autant vous dire qu’on sait plus trop si on doit pleurer ou rire, à Dijon.
Du coup, je me suis penchée attentivement sur cette grande double feuille.

Et là, ce fut le drame.

Cher Alain, cher Alain, je vais me permettre de te tutoyer, parce que je suis jeune et que je trouve que le vouvoiement c’est un peu pompeux. Et puis ce n’est pas comme s’il y avait un réel risque que tu lises ceci, de toute façon.

Bon déjà, juste du point de vue de la forme de ton support de communication cher Alain, désolée de te dire que c’est pas encore ça. Et c’est bien moi qui fais de la communication dans mon cursus, pas mon petit frère ou ma petite amie, je tiens à le préciser. Faut quand même pas oublier que tu te présentes dans une ville étudiante, tu aurais pu un peu plus te forcer pour moderniser tout ça. Je pourrais également t'accabler en mettant un rapide lien vers ta page facebook pour que tout le monde puisse constater à quel point le détourage sur ton en-tête est pourri, mais ça serait petit.** Et puis ton site personnel n’a même pas d’onglet prévu à ta candidature à la mairie de Dijon. J’ai essayé de retrouver ton programme sur internet, même dans les grandes lignes, mission impossible. Tu sais bien qu’on ne conserve plus trop le courrier sous forme papier, Alain, maintenant on reçoit même nos factures par internet, alors un petit lien vers ton programme version PDF sur la page d’accueil de ton site, ça serait vraiment super.

Enfin moi je dis ça comme ça, hein.

Mais bon, examinons le contenu du programme. Je vais passer sur la sécurité et autres discours typiquement de droite parce que j’ai compris qu’il n’était pas bien utile de débattre sur ces sujets en général (c’est absolument chronophage et ça ne mène à rien, parce que je suis butée et mes interlocuteurs me le rendent bien).

Blague à part, je me fais encore souvent avoir,  j'admets.

Un point m’a paru en revanche complètement absurde : la création d’espaces verts. Je me demande si tu te balades souvent dans Dijon. Parce que s’il y a bien une ville qui (selon moi, toujours pas selon ma petite sœur ou mon petit ami***) ne manque pas d’espaces verts, c’est Dijon. Concrètement, j’ai un square à deux minutes à pieds de chez moi. La faculté est aussi dotée de beaucoup d’herbe, ce qui est sacrément appréciable (même si l’année dernière je vous avoue que le temps ne nous a pas permis de beaucoup en profiter). Il y avait à proximité de mon lycée un jardin japonais (5 minutes à pieds, je dirais), et le parc de la Toison d’Or (un quart d’heure). Nous pouvions également aller, un peu plus loin, dans le parc du Drapeau. A Fontaine-lès-Dijon (parce que si vous avez bien suivi ce que je vous dit, Fontaine n’était pas très loin de mon lycée), nous avons fêté les résultats du baccalauréat au parc des Basses Combottes. Au centre ville, nous avons évidemment le square Darcy et le jardin de l’Arquebuse, ou beaucoup plus petit mais devant lequel je passe souvent (donc que je mentionne quand même) le square Eugène Spuller. Enfin bon, pour faire court, quand on tape espaces verts à proximité de Dijon dans Google Maps, on a une dizaine de résultats de gros espaces, pas comme mon petit square Eugène Spuller, sur la première page. Et des pages, y en a un paquet. Square des Petites Roches (le mien), square Charles le Téméraire, square du 18 juin, square Paul et Henriette Dard, place Emmanuel Adler, square Edmond de Beaumarché… Je n’en connais pas le quart et pourtant il y en a beaucoup plus que ça. Et en allant plus loin dans les pages, vous pourrez constater que les autres villes du Grand Dijon ne sont pas en reste.

Quand même, ça a un peu la classe Dijon.

Alors franchement, a-t-on vraiment besoin d’espaces verts ? Personnellement la politique de logement me satisfait pleinement de ce point de vue-là.

Un autre truc qui m’a chagrinée dans cette graaaande double feuille, c’est que… Tu as laissé des coquilles ! Alors je ne sais pas si tu payes quelqu’un pour relire ces choses-là, mais si oui, trouve quelqu’un d’autre. Comme je te l’ai déjà expliqué plus haut, je suis plus adepte (et je ne suis pas la seule) des documents électroniques que des documents papier, alors je ne peux plus te dire exactement où se trouvaient les fameuses coquilles (rassure-toi, je n’en ai remarqué que deux), mais je suis sure que tu trouveras.

Mon seul penchant avéré pour l'extrêmisme.

Enfin bref, Laurent Wauquiez est venu te soutenir. Dans une ville étudiante qui vote à gauche depuis 2001 de surcroît, était-il vraiment intelligent de s’afficher à côté de ce monsieur tristement célèbre pour son discours sur l’assistanat ? Dans une ville ouvertement gay-friendly (avec des boîtes LGBT telles que le PEUB ou le Wooz, et des évènements tels que la nuit des LGBT ou la marche des fiertés), était-il vraiment judicieux de s’associer à un des porte-paroles de la LMPT, moquée en France et à l’étranger pour ses frasques en tout genre, qui interprète la constitution comme bon lui semble ? Et puis, tu vas dire que je radote (ce n’est pas que l’apanage des personnes âgées tu sais), mais franchement, Laurent Wauquiez, qu’est-ce qu’il vient se mêler de Dijon ? Parce que, je réitère, le fait que sa première petite amie ait été Dijonnaise et que sa sœur y ait habité ça légitime rien hein. Je me répète (et non, je n’utilise même pas le dictionnaire de synonymes, je sais c’est épatant) et je me trompe peut-être, mais à mon avis, Laurent Wauquiez ne sait pas de quelle main ni dans quel sens il faut caresser la chouette.

Oh mon Dieu, déjà deux images qui ne sont pas des memes.

Monsieur a également tenu à parler du cumul des mandats. Arrête-moi si je me trompe, mais M. Rebsamen n’a-t-il pas annoncé dans Dijon Mag qu’il choisirait Dijon si une loi venait à être appliquée ? Et, cher Alain, n’es-tu pas actuellement sénateur toi-même ? Au fond, nous sommes donc bien obligés dans les deux cas de vous croire sur parole. Et puis dire que l’on entend M. Rebsamen que sur ce sujet montre bien 1) que M. Wauquiez ne vit pas à Dijon. M. Rebsamen nous donne fréquemment des nouvelles grâce au magazine susnommé (et puis si augmentation de 247% des coûts de communication il y a, ça doit bien être pour qu’on l’entende plus, non ?) 2) avec 8 parlementaires sur 10 concernés par le cumul des mandats en moyenne (oui je sais l’Express n’est pas une source des plus fiables mais je suppute que ce genre d’informations se vérifie facilement), que M. Wauquiez accable un peu M. Rebsamen, parce qu’à mon humble avis, sa leçon de morale doit valoir pour pas mal de candidats aux municipales en ce moment. Alors même si “c’est pas pasqu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils z’ont raison” (ceci est un argument d’autorité des plus solides), je trouve la critique un peu facile.

A la limite, si tu veux rajouter un espace vert et que tu l'appelles comme ça, j'veux bien.

Monsieur a également tenu à pratiquer la langue de bois. Surtout ne pas reconnaître que la droite a aussi son rôle à jouer à Dijon. Sait-on jamais, des fois que l’opposition fasse son job. Et puis franchement, rejeter sur M. Rebsamen l’insatisfaction liée à François Hollande, c’est pas très élégant, vous en conviendrez. Et de même, partir du principe que personne n’est satisfait de l’actuel président à grand renfort de questions rhétoriques, c’est non seulement pas très élégant mais en plus stupide. Pour une raison toute simple : M. Hollande tourne autour de 23% d’opinion favorable (M. Ayrault autour de 30%), et M. Wauquiez (le mariage pour tous étant passé par là) autour de 25%. Y a pas franchement de quoi se la ramener non plus, quand la personne à la tête du gouvernement que l’on prétend impopulaire est en réalité plus populaire que soi.

Second mindblowing reference.

Voilà tout, cher Alain, ce que m’a inspiré ton programme et la petite interview de ton ami dans le Bien Public. Si jamais tu tombes là-dessus, tu peux me répondre et me tutoyer de même, parce qu’à Dijon, quoi qu’en disent les touristes tels Laurent Wauquiez, il fait bon étudier, il fait bon vivre, et il est certain que nous méritons mieux… Que lui.

*oui ce qualificatif ne veut pas dire grand chose, mais si vous savez qui est M. David Lanaud du Gray, vous comprendrez ce que je veux dire.
** M. Houpert est très très fort en grec, comme on a pu le constater sur les réseaux sociaux, alors je me suis dit qu'une petite figure de rhétorique ça serait sympa : cet astérisque renvoie à une prétérition.
*** vous remarquerez que j’ai une grande famille avec un frère et une sœur, et que je suis très ouverte d’esprit avec un potentiel compagnon qui change de sexe selon les passages de l’article.